L’industrie. L’agriculture. Nos moyens de transport. Nos bâtiments. Notre énergie. Ce sont là les cinq secteurs où une révolution majeure est nécessaire si l’on veut atteindre les objectifs de protection du climat et préserver la viabilité de notre planète. Chaque secteur a ses propres défis à relever et nécessite donc une approche spécifique.

En tant qu’institutions financières, les banques et les gestionnaires de fonds détiennent de puissants leviers d’action. En dépit des grandes campagnes de communication autour des produits et services durables, 99% des décisions prises par les comités de crédit et d’investissement reposent uniquement sur des modèles financiers centrés sur le risque et le  rendement. Un crédit accordé à une entreprise polluante est examiné de la même manière qu’un prêt en faveur d’un projet d’énergie renouvelable. Bien que les activités d’une entreprise polluante aient un impact négatif sur l’homme et l’environnement, elles n’en sont pas moins financées par des banques et des gestionnaires de fonds qui n’accordent qu’un poids marginal à des considérations écologiques ou sociales dans leurs décisions.

En agissant de la sorte, les banques et les gestionnaires de fonds méconnaissent le rôle positif qu’ils pourraient jouer dans la question du climat ni de leur responsabilité. Ils s’en référent à la loi de l’offre et de la demande. C’est l’histoire de l’œuf et de la poule, en quelque sorte. Ou, pour le dire autrement, les acteurs financiers privilégient le business as usual. Or, les décisions financières sont aussi des choix sociétaux. Et le secteur financier occupe une position unique lui permettant de jouer un rôle de premier plan dans la lutte contre le réchauffement climatique. S’il le voulait, il pourrait intervenir sur ce terrain de façon plus rapide, plus résolue et beaucoup plus ambitieuse qu’il ne le fait aujourd’hui.

Comment est-ce que cela se passe concrètement ? Comment est-il possible d’intervenir dans le monde financier et son réseau compliqué ? Comment peut-on renforcer le mouvement des citoyens, des entreprises et des organisations représentant la société civile, qui placent avec force la résolution des problèmes climatiques avant les bénéfices à court terme ?

Le régulateur détient les instruments permettant de rendre plus coûteux les crédits qui comportent un risque écologique. Comment cela fonctionne-t-il techniquement ? Pour chaque crédit qu’elle octroie, une banque doit se constituer un capital propre. Cette opération a un coût pour la banque. Lorsqu’un crédit comporte davantage de risques, la banque est contrainte de disposer d’un capital plus élevé. Dans quel but ? Être en mesure de couvrir la perte en premier lieu avec son propre capital en cas de non remboursement du crédit.

Jusqu’ici, les risques écologiques et sociaux n’ont aucune influence sur les réserves de capital que les banques doivent constituer. Alors que ces mêmes critères peuvent se traduire en risques financiers pour les entreprises (par exemple, sous la forme de demandes d’indemnisation à l’égard d’une entreprise polluante, ou encore de perte de réputation entraînant une diminution de la clientèle) et pour la société (songez, par exemple, au coût des maladies engendrées par la pollution). Si le régulateur prenait bel et bien en compte les risques écologiques et sociaux dans les exigences de fonds propres imposées aux banques, celles-ci seraient moins enclines à accorder des crédits non durables et devraient appliquer   pour ces mêmes crédits des taux d’intérêt plus élevés.

Vous et moi pouvons également exercer une influence en tant qu’investisseurs de plus en plus tournés vers les placements boursiers. Un seul mot d’ordre : l’investissement durable. Malheureusement, la durabilité s’est muée de plus en plus en slogan, sans aucune forme de concrétisation sur le terrain. Il est pourtant très simple d’effectuer un contrôle écologique auprès des fournisseurs de fonds : il suffit aux clients de demander un fonds d’investissement exempt de carburants fossiles et d’exiger que leur portefeuille ne comporte donc aucun placement lié au charbon, au gaz et au pétrole. De cette manière, les clients veillent à ce que leurs placements cessent de financer le statu quo, mais contribuent à la nécessaire transformation de la société.

Plus il y a de clients qui privilégient consciemment les placements écologiques, plus l’offre de placements sans carburants fossiles augmentera rapidement. A contrario, les fonds d’investissement qui prétendent être durables tout en continuant à investir dans les carburants fossiles devront faire un choix : ou laisser tomber leur étiquette ‘durable’ ou verdir de manière effective.

L’argent fait tourner le monde. Il est dès lors important de l’orienter dans la bonne direction, c’est-à-dire vers les secteurs qui en ont besoin. La balle est dans le camp des banques et des gestionnaires de fonds. Les régulateurs et les clients doivent juste leur donner la petite impulsion nécessaire.

Une carte blanche de Thomas Van Craen, directeur de la Banque Triodos Belgique 

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